Samir Barris

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Propulsé très tôt sur le devant de la scène belge avec ses comparses étudiants de Melon Galia, groupe de pop française novateur que la carrière avortée en 2004 aurait tendance à rendre rétrospectivement d’autant plus culte (trois EPs et l’album Les embarras du quotidien), Samir Barris ressurgit assez vite, en solo cette fois, avec Quel effet ? (2006), album révélation multiprimé, suivi d’un second, Tenter l’atout (2009), conférant d’emblée à l’ancien musico post-adolescent le statut de nouvelle figure durable du paysage musical francophone. Thèmes, écriture, lignes mélodiques, variation des influences (du jazz à la pop, en passant par la bossa) se démarquent des voies tracées par une « nouvelle chanson française » qui, après avoir en effet renouvelé le genre à l’aube des années 2000, peine à ce moment à trouver un second souffle. Le multi-instrumentiste, arrangeur, réalisateur emprunte le chemin délaissé de la chanson efficace et sans prétention, dont les airs se retenant quasi instantanément ne laissent pas entrevoir la mécanique de l’élaboration. Résultat ? Deux disques à la fois très écrits et grand public. Et après ? S’ensuit une absence discographique d’autant plus remarquée : en retrouvant Barris une décennie plus tard avec ce Fin d’été, l’on serait donc tenté – et on le sera – d’évoquer un retour.

À tort bien sûr, puisque n’ayant de cesse de s’ouvrir à de nouveaux horizons l’artiste diversifie la gamme de ses compositions, revenant à la formule groupe. En compagnie de Séverine Cayron (Auryn) et Nicholas Yates, avec Le beau Geste, dont il écrit l’album Sur ma peau nue (2011). Et, pour le jeune public : avec Ici Baba, le projet à succès qu’il monte avec Catherine De Biasio (à ce jour deux albums, en 2011 et 2015, et autant de tournées au long cours), ainsi que Le Ba Ya trio (pour Leseure – Barris – Yates), dédié aux musiques traditionnelles (l’album Tour du monde, Octave de la Ministre de la Culture en 2017).

Mais à raison également, en partie du moins, puisque c’est bien sous son nom seul que revient Samir Barris dans Fin d’été – même s’il y apparaît particulièrement bien entouré. « N’est-il pas périlleux d’acoquiner ses propres textes avec ceux des maîtres ? » faisait-on – déjà – mine de s’inquiéter sur un blog à propos de son premier album. C’est que Barris n’en est pas à son coup d’essai. Les mises en musique (« Je voudrais pas crever » de Vian, ou Hugo – déjà – avec… Ici Baba !) comme les reprises (d’Olivier Andu à Bourvil) ou les « revisitations » (« A forest » de Cure, devenu « Là dans la forêt ») parsèment les disques du mélomane. Jusqu’à ce que les Jeunesses Musicales, qui le font tourner avec chacun de ses projets depuis Quel effet ?, lui offrent l’occasion de chanter les poètes dans les écoles. Hugo, Verlaine, Mallarmé, Ronsard, Baudelaire… le diplômé en philologie romane s’en donne à coeur joie !

Et quand sonne l’heure, la quarantaine venue, de renouer avec soi, Barris sait qu’il tient les prémices d’un nouvel album qu’il pourra sans rougir signer de son nom. Car ses choix ne doivent rien au hasard, au point d’y mêler sans fard quelques pépites personnelles – sublimées par leur illustre compagnonnage. Qu’il interroge le manque d’inspiration ou le processus créatif (« Le fil », « Mal armé », « Les mots retrouvés »…), Mallarmé en écho se répand « sur le vide papier que la blancheur défend ». Que l’interprète du « Fossé » invite à nouveau au carpe diem (« Bonnes vacances »), Ronsard prévient celle qui se refuse à lui (« Cueillez dès aujourd’hui »). Mais plus que le jour, Samir Barris s’emploie à célébrer le jour d’après, qui gorgé des saisons passées en même temps s’en détache et s’ouvre vers un nouvel inconnu : le « lendemain de veille » devient veille de lendemain. « Septembre », « Brise marine », « Soleils couchants », ou encore l’audacieux mix baudelairien « Charmants climats », tous ces grands textes à leur manière disent au départ d’un manque un nouveau départ. Une fin d’été vers un été sans fin.
Ainsi Fin d’été pourrait-il être à la fois le disque d’un retour et le premier album d’un nouvel auteur. « Plus dense et plus profond », Samir Barris se met à nu, pose une voix nouvelle d’une gravité apaisée.

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